L’habillement au même titre que la gastronomie, l’art ou la littérature est une dimension distinctive de chaque culture. La robe kabyle a une histoire, vous verrez étonnante, accrochée aux vicissitudes de l’Histoire de cette magnifique région, la Kabylie. Elle dit comment l’échange par l’inspiration est une constante des cultures populaires vivantes. Elle dit aussi qu’en Afrique du Nord, chez les Berbères comme dans d’autres civilisations, la femme est le réservoir, le bijou, le générateur, l’emblème et le transmetteur de la culture.

Vous pouvez en savoir encore plus en lisant un ouvrage didactique (type : Que sais-je ? 130 pages) écrit par Camille Lacoste-Dujardin « Voyage d’Idir et Djya en Kabylie – initiation à la culture kabyle (édition l’Harmattan 2003), qu’elle a conçu à l’attention des enfants d’immigrés qui méconnaissent la culture et le pays de leurs parents ou ascendant.

Ce qui est étonnant, ce sont les anciens vêtements des femmes aujourd’hui complètement oubliés. Autrefois les femmes étaient habillées d’une robe qu’on appelait axellal ou tala’out, faite d’une seule large pièce de laine blanche et recouverte par le dill, une sorte de tenture rectangulaire en laine rayée de couleurs, jetée sur son dos comme une cape ; non cousues, ces deux pièces de tissu sont attachées sur le devant des épaules par deux bijoux, des fibules tafzimt qui les agrafent toutes les deux ensemble, et serrées à la taille par une ceinture.

L’autre robe taqendurt était de ce même tissu de laine blanche, comme étaient autrefois tous les vêtements féminins et comme est encore aujourd’hui le plus beau burnous des hommes.

Il est courant de croire que les femmes kabyles avaient toujours porté les robes de coton de couleur, cousues, à volants et avec « zigzags » ou croquets.

Et bien, pas du tout ! Autrefois, presque toutes les robes étaient faites à la maison avec la seule laine des moutons. Les femmes n’ont adopté ces robes de coton que l’on appelle aujourd’hui robes kabyles, il y a seulement un, peu plus d’un siècle : en réalité, elles ressemblent aux robes des femmes européennes des débuts de la colonisation. Si, grâce à cette nouvelle mode, les femmes kabyles n’ont plus à tisser elles-mêmes leurs robes, ces robes-ci étaient beaucoup moins chaudes que les anciennes en laine, et en hiver, surtout dans les villages de la montagne il fallait en superposer plusieurs ou les recouvrir de gilets de laine. Certaines femmes continuent pourtant de leur ajouter la même fouta de soie rayée jaune et rouge sur fond noir, qui était aussi autrefois portée enroulée autour du corps, comme une jupe. Et il y avait également pour les fêtes et les cérémonies, des robes en soie multicolore.

Mais le tissage le plus important, celui auquel les costumes modernes n’ont pas fait renoncer, est le vêtement masculin, spécifiquement berbère : le burnous (abernus).

Extrait du livre « Voyage d’Idir et Djya en Kabylie » de Camille Lacoste Dujardin.